Photo ci-dessus : Le projet MFM était présent au 6e symposium de recherche SANAP. De gauche à droite : John Cooper, Ria Olivier (Antarctic Legacy of South Africa), Robyn Adams et Sue Jackson ; photographie de Greg Hofmeyr

Le programme national antarctique sud-africain (
SANAP
) a récemment tenu son
6e symposium de recherche
à l’hôtel
Houw Hoek Hotel
dans un cadre champêtre près de Grabouw, dans la province du Cap-Occidental. La réunion a rassemblé 177 scientifiques de toutes les disciplines impliquées dans la recherche sur l’Antarctique, le subantarctique et l’océan Austral en Afrique du Sud. Des représentants de la Fondation nationale sud-africaine de la recherche, de l’infrastructure sud-africaine de recherche polaire et du ministère sud-africain de la science et de l’innovation étaient notamment présents. Les présentations orales et par affiches, ainsi que les réunions et événements associés, se sont déroulés sur cinq jours, du 27 novembre au 1er décembre. La réunion a été organisée par l’Université de Stellenbosch avec Ria Olivier, chercheur principal,
Antarctic Legacy of South Africa
a dirigé avec efficacité le comité d’organisation.

Sue Tonin présente sa conférence plénière, soutenue par les bannières de la MFM ; photo de Robyn Adams

Pour donner le coup d’envoi de la dernière journée complète du symposium, la responsable adjointe du projet Mouse-Free Marion (MFM),
Sue Tonin
a donné une conférence plénière invitée de 30 minutes intitulée « Eradicating Invasive House Mice Mus musculus from Marion Island : Gains et défis » devant un public nombreux. Son résumé est le suivant :

« Cette action de gestion de la conservation est une éradication unique des souris domestiques introduites et de plus en plus nuisibles qui conduisent l’île Marion à un état de crise écologique en mangeant et en creusant dans les plantes et en s’attaquant aux invertébrés et aux oiseaux de mer. En raison de leur isolement, les îles abritent des assemblages d’espèces uniques qui contribuent de manière disproportionnée à la biodiversité mondiale. Comme elles sont souvent dépourvues de prédateurs terrestres indigènes, ces biotas sont particulièrement vulnérables aux espèces exotiques envahissantes. Environ 5 % des espèces végétales de l’île Marion semblent être endémiques au groupe des îles du Prince-Édouard, tout comme certains des insectes consommés par les souris de l’île Marion (trois espèces de charançons et une espèce de papillon de nuit). Plusieurs espèces de la faune invertébrée indigène ont été réduites à des proportions infimes par rapport à leurs populations d’avant les souris, ce qui altère le cycle des nutriments et d’autres processus écologiques essentiels. L’île Marion est une île de reproduction d’importance mondiale pour 28 espèces d’oiseaux marins. Si rien n’est fait, l’impact des souris devrait entraîner l’extinction locale ou fonctionnelle de 19 d’entre elles dans un délai estimé entre 30 et 100 ans.

L’élimination des prédateurs exotiques envahissants des îles est un outil de conservation de la biodiversité très efficace. Les préparatifs en vue de l’éradication des souris domestiques de l’île Marion ont commencé par une étude de faisabilité en 2015. La planification ultérieure s’est appuyée sur des principes de bonnes pratiques et des lignes directrices élaborés au fil des décennies sur des îles envahies de la même manière et appartenant à la Nouvelle-Zélande, à l’Australie, au Mexique, aux États-Unis, à la France et à d’autres États membres de l’Union européenne, entre autres.

L’éradication est planifiée et sera entreprise par le projet Mouse-Free Marion (MFM), partenariat entre BirdLife South Africa et le ministère des forêts, de la pêche et de l’environnement (DFFE), avec l’aide de nombreuses organisations et personnes. Des appâts rodenticides formulés sur mesure seront diffusés à partir d’hélicoptères, la seule approche qui ait fait ses preuves pour les grandes îles océaniques. La couverture complète de chaque partie de l’île, essentielle à la réussite, sera guidée par un suivi GPS avancé et une cartographie GIS.

Avec le temps et les progrès méthodologiques, depuis les années 1960, des îles de plus en plus grandes ont été ciblées pour l’éradication des mammifères exotiques. D’après
Horn et al. 2022, New Zealand Journal of Ecology 46 : 3500

Les éradications réussies des souris domestiques dans les îles de l’océan Austral comprennent l’île Macquarie (12 875 ha), l’île Antipodes (2025 ha), l’île Coal (1189 ha), l’île Enderby (710 ha), l’île Château (220 ha) et certaines parties de l’île de Géorgie du Sud (4 932 ha où des souris étaient présentes). Le rétablissement spectaculaire des populations d’oiseaux de mer et d’autres espèces animales après l’élimination des souris sur ces îles constitue un puissant facteur de motivation. Avec ses 30 000 hectares, Marion est de loin la plus grande île sur laquelle une telle éradication sera tentée en une seule opération. Nous examinons attentivement les tentatives d’éradication de la souris qui ont échoué, comme celles menées sur les îles Gough et Midway, afin d’intégrer les leçons tirées de ces expériences dans notre planification. L’évaluation des risques, y compris pour les espèces non ciblées, est essentielle pour maximiser les chances de succès du projet MFM et s’applique à chaque phase de la planification et de l’exécution. L’évaluation et le suivi des résultats écologiques de l’initiative d’éradication des souris nécessiteront un cadre de suivi à long terme, qui utilisera les données de référence antérieures à l’éradication, auxquelles on pourra comparer le suivi postérieur à l’appâtage ».

Robyn Adams, responsable de la communication et assistante de projet chez MFM, et John Cooper, correspondant de presse chez MFM, ont apporté leur soutien à la séance plénière de Sue dans le public qui l’appréciait.

Un cadre sylvestre dans les montagnes du Cap-Occidental s’est avéré un lieu agréable pour le 6e symposium de recherche de la SANAP.

Le symposium s’est terminé le jour de la
Journée de l’Antarctique
avec un petit-déjeuner antarctique à thème, suivi d’une cérémonie de clôture.

Remerciements à Ria Olivier, Antarctic Legacy of South Africa, Université de Stellenbosch.

 

John Cooper, correspondant de presse, Projet Marion sans souris, 18 janvier 2024

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Pétrel géant en fin de soirée sur l’île Marion ; photographie de Stefan Schoombie, conception de l’affiche par Michelle Risi

Le Mouse-Free Marion Project est une société à but non lucratif enregistrée (n° 2020/922433/08) en Afrique du Sud, créée pour éradiquer les souris envahissantes tueuses d’albatros sur l’île Marion dans l’océan Austral. Le projet a été lancé par
BirdLife Afrique du Sud
et le ministère sud-africain
Département des forêts, de la pêche et de l’environnement
. Une fois achevé, le projet permettra de restaurer l’habitat de reproduction essentiel de plus de deux millions d’oiseaux marins, dont beaucoup sont menacés au niveau mondial, et d’améliorer la résilience de l’île face au réchauffement climatique. Pour plus d’informations ou pour soutenir le projet, veuillez consulter le site mousefreemarion.org.