Photo ci-dessus : Un poussin d’albatros à tête grise étire ses ailes sur l’île Marion, photo : Danielle Keys
La Convention sur la diversité biologique (CDB) est entrée en vigueur le 29 décembre 1993. Il a trois objectifs principaux :
- La conservation de la diversité biologique.
- L’utilisation durable des éléments constitutifs de la diversité biologique.
- Le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques.
Depuis son entrée en vigueur, la CDB a été ratifiée par 196 nations, dont l’Afrique du Sud. La conférence des parties (COP) de la CDB offre aux parties prenantes une occasion importante de discuter, d’examiner et d’élaborer des politiques et des objectifs pour faire face aux menaces qui pèsent sur la biodiversité de la planète.
Le projet Mouse-Free Marion (MFM) est un exemple du type d’initiatives de conservation audacieuses et à fort impact qui sont nécessaires pour inverser les dommages actuels causés à la nature et préserver la biodiversité.
Le 7 décembre 2022, dans la foulée de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP27), la COP 15 a débuté à Montréal, au Canada. Des rapports récents soulignant le déclin continu des populations animales dans le monde entier, le décor a été planté pour l’un des sommets environnementaux les plus cruciaux à ce jour. Les politiciens et les scientifiques s’accordent à dire qu’il faut s’attaquer à la perte de biodiversité. En 2010, les délégués à la précédente CdP de la CDB se sont engagés à mettre un terme à la perte de biodiversité dans un délai de dix ans. Douze ans plus tard, les scientifiques, les responsables politiques et les organismes de conservation se réunissent à nouveau pour discuter des progrès accomplis et de la manière de faire progresser de toute urgence les efforts visant à lutter contre le déclin des espèces au niveau mondial.
L’un des objectifs les plus ambitieux de la COP15 est l’engagement « 30 by 30 », dont le but est de conserver 30 % des surfaces terrestres et aquatiques de la planète d’ici à 2030. Les objectifs précédents, convenus lors de la COP10 à Aichi, au Japon, n’ont pas été atteints. La pression est donc renouvelée pour mettre en place le soutien financier et politique nécessaire et les enjeux sont élevés.
Les zones riches en biodiversité ont également tendance à être parmi les plus menacées. C’est particulièrement vrai pour les îles, qui ne sont pas seulement des points chauds de la biodiversité mais représentent aussi les endroits les plus menacés par l’extinction des espèces.
Conservation des îles
une organisation de conservation qui s’efforce de prévenir l’extinction des îles, estime que 75 % des extinctions de reptiles, d’oiseaux, d’amphibiens et de mammifères combinés se sont produites sur des îles ; 86 % de ces extinctions sont dues à l’impact d’espèces envahissantes. Il est impératif que les îles soient conservées et gérées afin d’éviter de nouvelles pertes d’espèces uniques.
L’île subantarctique de Marion est un parfait exemple des défis et des opportunités associés à la conservation de la biodiversité. Bien qu’elle bénéficie des niveaux de protection les plus élevés d’Afrique du Sud en tant que réserve naturelle spéciale, zone de protection marine et site Ramsar d’importance internationale, l’île subit une perte de sa biodiversité d’importance mondiale. Ces pertes sont dues en grande partie à l’impact des espèces envahissantes.
Par leur prédation, les souris domestiques envahissantes continuent de menacer l’incroyable biodiversité de l’île Marion, notamment la végétation, les invertébrés et les nombreux oiseaux de mer qui s’y reproduisent. Les oiseaux de mer n’ont pas développé de défenses contre la prédation par les souris. Par conséquent, 19 des 28 espèces d’oiseaux marins qui nichent sur l’île Marion sont considérées comme menacées d’extinction locale si aucune mesure n’est prise pour faire face à cette menace grave et croissante.
L’Afrique du Sud est partie à la CDB depuis près de 30 ans. Dans le cadre de son engagement à conserver et à protéger la biodiversité, l’Afrique du Sud a élaboré et révisé sa stratégie et son plan d’action nationaux en matière de biodiversité. L’un des objectifs stratégiques de ce document est d’assurer la gestion efficace des espèces envahissantes, notamment l’éradication des souris domestiques sur l’île Marion.
Le projet MFM, un partenariat entre le ministère sud-africain des Forêts, de la Pêche et de l’Environnement (DFFE) et BirdLife South Africa (BLSA), est un projet de conservation ambitieux et crucial visant à éradiquer les souris envahissantes de l’île Marion afin d’inverser les pertes de biodiversité infligées par les souris. L’éradication des prédateurs envahissants des îles est l’un des outils les plus efficaces disponibles pour la conservation de la biodiversité. Des décennies d’opérations d’éradication sur les îles ont permis d’accumuler un immense corpus de connaissances et d’expériences, et chacune d’entre elles a permis d’informer et d’affiner la méthodologie pour la suivante. Cela a ouvert la voie au projet MFM.
Il existe de nombreux exemples montrant une récupération spectaculaire de la biodiversité insulaire une fois que les espèces introduites ont été éliminées. Nous avons la possibilité d’atteindre ce résultat pour l’île Marion. Bien qu’il n’y ait pas de solution miracle en matière de conservation, pour les espèces et les îles qui subissent l’impact négatif des espèces envahissantes, l’élimination des espèces envahissantes est presque une solution miracle.
L’éradication des souris de l’île Marion, en Afrique du Sud, est une intervention unique qui, si elle est couronnée de succès, permettra de revenir en arrière, de réparer les dommages causés par les souris depuis qu’elles ont été introduites par inadvertance par les chasseurs de phoques il y a environ 200 ans, et de restaurer l’intégrité écologique de cette île magnifique. Ce sont les initiatives de conservation ambitieuses et à fort impact, telles que le projet MFM, qui offrent une réelle opportunité de s’attaquer à la crise de la biodiversité et de nous mettre sur la voie de la vision de la CDB, à savoir vivre en harmonie avec la nature.
L’équipe de Mouse-Free Marion, 19 décembre 2022
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Le Mouse-Free Marion Project est une société à but non lucratif enregistrée (n° 2020/922433/08) en Afrique du Sud, créée pour éradiquer les souris envahissantes tueuses d’albatros sur l’île Marion dans l’océan Austral. Le projet a été lancé par
BirdLife Afrique du Sud
et le ministère sud-africain
Département des forêts, de la pêche et de l’environnement
. Une fois achevé, le projet permettra de restaurer l’habitat de reproduction essentiel de plus de deux millions d’oiseaux marins, dont beaucoup sont menacés au niveau mondial, et d’améliorer la résilience de l’île face au réchauffement climatique. Pour plus d’informations ou pour soutenir le projet, veuillez consulter le site suivant
mousefreemarion.org
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