Photo ci-dessus : Une souris domestique de l’île Marion sur une plante en coussin d’Azorella selago ; photo de Peter Ryan
Les îles Marion et Prince-Édouard ont été découvertes pour la première fois de façon certaine le 13 janvier 1772, lorsque le Français Marion du Fresne s’y est rendu, sans débarquer, à bord des frégates Mascarin et Marquis de Castries. Cette découverte fait suite à un enregistrement possible beaucoup plus ancien, lorsqu’un navire néerlandais des Indes orientales, le Maerseveen, a aperçu deux îles le 4 mars 1663 dans le sud de l’océan Indien, mais à une certaine distance de la position du groupe de l’Île-du-Prince-Édouard. Près de cinq ans après du Fresne, le 12 décembre 1776, le célèbre explorateur anglais James Cook est passé à bord du Resolution et du Discovery pour son troisième (et dernier) voyage de découverte. Cook les nomme les îles du Prince-Édouard, en l’honneur du quatrième fils du roi George III (et père de la reine Victoria), mais ne touche à nouveau aucun débarquement.
La prochaine visite connue est celle d’une expédition française sur le Sally qui est arrivée le 10 février 1800, mais n’a pas envoyé d’hommes à terre. Les premiers débarquements connus à ce jour sur le groupe d’îles remontent à l’été austral de 1803/04, lorsque les navires américains Catherine, sous le commandement de Henry Fanning, et Union, sous le commandement d’Isaac Pendleton, ont posé des scellés à terre. Il convient de noter que ni l’un ni l’autre n’ont prétendu être des « premiers arrivés », et qu’il est donc très probable que des atterrissages clandestins aient eu lieu auparavant. En effet, Fanning parle de trouver des « établissements de phoques » à terre, bien qu’aucun document les concernant n’ait encore été retrouvé dans les archives maritimes. Au cours des quinze années suivantes, au moins quatre (mais probablement beaucoup plus) navires phoquiers américains ont visité les îles, laissant l’année « 1806 » gravée sur un rebord rocheux de l’Île-du-Prince-Édouard. Les îles n’ont pas été nommées individuellement par Cook (il n’est devenu courant d’appeler la plus grande île « Marion » qu’à partir des années 1840), de sorte qu’il est rarement possible de savoir avec certitude quel navire de chasse a visité quelle île (bien que certains soient connus pour avoir visité les deux, comme on pourrait s’y attendre étant donné leur proximité).
Nous avons la chance d’avoir le récit détaillé d’un jeune chasseur de phoques qui a passé 20 mois en 1818/20 sur la grande « île du sud » (c’est-à-dire Marion), après avoir été débarqué du brick américain Pickering en août 1818. Installant son campement dans ce qui est très certainement la grotte de Sealer, dans le quadrant sud-est de Marion, William Phelps a rapidement remarqué les souris. Il écrit sous le pseudonyme de « Webfoot » :
« … l’île entière était infestée de souris communes, qui avaient… été introduites de quelque navire à voile, probablement avec les provisions de la bande ; et elles s’étaient multipliées jusqu’à ce que leur nom fût légion. Elles peuplaient abondamment les plages, et habitaient les grottes ; elles creusaient avec les oiseaux dans les berges, et on les trouvait parmi les neiges des montagnes » (p. 47).
Cela suggère que les souris étaient sur l’île depuis quelques années au moins, ce qui permet de supposer qu’elles sont arrivées dans la décennie qui a suivi les premiers débarquements. Heureusement, l’Île-du-Prince-Édouard a échappé au sort de Marion et a toujours été exempte de souris.
Que pouvons-nous dire de la source originale des souris de Marion ? Une étude génétique réalisée par les chercheurs sud-africains Bettine van Vuuren et Stephen Chown et publiée en 2007 considérait que les souris étaient d’une souche originaire de Scandinavie. Mais étant donné la nature cosmopolite des activités maritimes, cela ne confirme pas une source réelle. Il est peut-être plus probable qu’ils proviennent de la côte est des États-Unis, où les chasseurs de phoques américains avaient leurs ports d’attache.
Futurs messages de MFM News L’objectif est de parler des souris depuis l’annexion des îles par l’Afrique du Sud en 1947/48 (ce qui a conduit directement à l’importation de chats domestiques), des recherches qui ont été menées sur elles au fil des ans et qui ont abouti à l’obtention d’un doctorat et de deux maîtrises, des premières inquiétudes quant à leurs effets délétères et des premiers projets d’éradication qui ont conduit à la création du projet Mouse-Free Marion.
Références sélectionnées :
Cooper, J. 2008. L’histoire de l’humanité. Dans : Chown, S.L. & Froneman, P.W. (Eds).
The Prince Edward Islands : Land-Sea Interactions in a Changing Ecosystem (Interactions terre-mer dans un écosystème en évolution).
. Stellenbosch : Sun PReSS. pp. 331-350.
Cooper, J. & Avery, G. 1986. Sites historiques aux îles du Prince Edouard. South African National Scientific Programmes Report 128 : 1-82.
Terauds, A., Cooper, J., Chown, S.L. & Ryan, P. 2010. Marion et Prince Edward. Les îles du Sud de l’Afrique. Stellenbosch : SUN PReSS. 176 pages.
van Vuuren, B.J. & Chown, S.L. 2007.
Des preuves génétiques confirment l’origine de la souris domestique sur l’île Marion subantarctique.
. Polar Biology 30 : 327-332.
Watkins, B.P. & Cooper, J. 1986. Introduction, statut actuel et contrôle des espèces exotiques aux îles du Prince Edouard, subantarctique. South African Journal of Antarctic Research 16 : 86-94.
« Webfoot » [= William Dane Phelps] 1871.
A l’avant et à l’arrière : ou Feuilles de la vie d’un vieux marin
. Boston : Nicholls & Hall. 359 pages.
John Cooper, Projet Mouse-Free Marion Correspondant de presse, 08 mars 2022
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